« Il existe dans la Gironde des paysages bien plus fameux mais, de La Solitude, il émane une mélancolie grave et discrètement tourmentée que l’on ne trouve nulle part ailleurs »

Jean-Paul Kauffmann

Le Domaine de La Solitude

Un temps dont l’urgence est bannie

Novembre… L’arrière-saison sied à La Solitude. Retirée à quelques encablures du village de Martillac, dominant le vignoble alentour, la sobre architecture du monastère de la Sainte Famille et de ses bâtiments annexes prend place dans un vaste parc dont les tonalités automnales se perdent dans le silence…

En lisière des bâtiments, une large allée d’arbres de haute tige dessine une trame bucolique qui mène doucement à une île surmontée d’une chapelle dédiée à Notre-Dame de toutes grâces autour de laquelle serpente un ruisseau. Au-delà d’un petit pont, inscrite dans l’empreinte romantique du lieu, la statue imposante du fondateur, le Père Pierre Bienvenu Noailles, incite le promeneur à passer de la rêverie à la méditation.

Ce paysage champêtre gagné sur la forêt était, il n’y a pas si longtemps, le lieu d’une activité agricole diversifiée dont la vigne n’était qu’une composante. Entre prière et travaux des champs, les soeurs de la Sainte Famille vivaient alors sur un mode proche de l’autarcie.

Le temps a passé… Le respect du terroir, règle d’or du Domaine de La Solitude, s’incarne aujourd’hui dans des valeurs écologiques sans cesse approfondies, dont le choix de la culture biologique et de la biodynamie constitue le coeur… Cette visée est favorisée par l’environnement protecteur de la forêt, qui contribue à l’équilibre de la vie du vignoble grâce à un microclimat dont la fraîcheur garantit une longue et douce maturation du raisin et à l’apport d’une biodiversité préservée.

Ainsi, peu à peu, la primauté du vignoble a façonné le paysage de La Solitude, confortant le dialogue établi de longue date entre la ferveur religieuse et le vin. Au diapason du clocher du couvent qui rythme la prière, les travaux de la terre ont pris la mesure d’un temps dont l’urgence est bannie.

L'âme du lieu

De l’autre côté du petit chemin vicinal qui traverse le vignoble et sépare les bâtiments conventuels de l’exploitation viticole, l’architecture composite des bâtiments d’exploitation témoigne de la nouvelle donne qui a cours à La Solitude. Depuis 1993, en effet, sous la houlette d’Olivier Bernard qui a pris les terres du Domaine en fermage, un long et patient travail de rénovation a été entrepris, dans le respect de l’esprit du lieu et de l’existant.
« On a gardé la dimension spirituelle de l’endroit, les choses qui étaient là, les évocations religieuses… Les soeurs se sentent chez elles, viennent nous voir et les personnes qui travaillent ici, parfois depuis longtemps, ont acquis une sensibilité particulière et participent à l’âme du lieu. Je crois aussi que les visiteurs ressentent cette vérité singulière, cette harmonie entre le vin qu’ils goûtent et ce que les gens vivent ici … »
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